Presque 20 ans après le décès de Daniel Pellé, sa femme Renée entre en maison de retraite ; à cette occasion, elle ne peut garder l’herbier de son mari, et contacte un ami de longue date, Francis Bianic, qui se trouve être aussi un collègue de Sonja Laubscher au collège Pierre Brossolette (La Chapelle-Saint-Luc, Aube).
Celui-ci lui parle de cet herbier, constitué par un ami de ses parents, botaniste amateur, et qui concerne principalement les plantes de l’Aube, mais pas uniquement. Le fait que le travail de toute une vie puisse être détruit a rapidement décidé Sonja d’accepter l’herbier, un peu par principe, sans vraiment savoir ni quel volume cela représentait, ni ce qu’elle en ferait par la suite.

C’est ainsi qu’en 2008, Francis Bianic a apporté l’herbier, rangé dans plusieurs cartons remplis de chemises soigneusement fermées. Cela représentait finalement tout de même une quantité non négligeable de planches !


Une fois la première chemise ouverte par Sonja, celle-ci a rapidement constaté le soin apporté à la fois à la réalisation de la planche (fixation des spécimens, couleur de certaines plantes, papier…) et à l’organisation logique de l’herbier (Sonja étant documentaliste de métier, elle a l’œil pour ce genre de choses). Deux années ont ainsi passé à flâner d’une certaine manière, au gré des découvertes et des énigmes qui se posaient à l’examen – un peu désordonné – de nouvelles planches.
Chaque planche est soigneusement étiquettée, et les étiquettes fixées solidement. Pour preuve, sur l’ensemble de l’herbier, on a trouvé qu’une petite dizaine de planches dont l’étiquette s’était détachée ! De la même manière, très peu de spécimens s’étaient détachés de la planche sur laquelle ils étaient fixés initialement… Chaque récolte est datée et localisée, le nom scientifique du spécimen est écrit sur l’étiquette à la machine à écrire, rendant l’analyse du texte plus facile. Mais les étiquettes comportaient aussi de nombreuses indications incompréhensibles, à ce stade du projet, pour nous.


Si cela n’avait pas été le cas (fixations moins solides, absence du lieu ou de la date de récolte sur l’étiquette), l’intérêt de l’herbier aurait considérablement réduit, nous verrons pourquoi plus loin…
C’est donc de cette manière que Sonja a reçu l’herbier de Daniel Pellé, aujourd’hui officiellement désigné par l’acronyme “DP” (officiellement, car l’acronyme a été réservé dans l’Index Herbariorum, répertoire mondial des herbiers), alors en passe d’être détruit. Ce qu’elle ne savait pas encore, c’est que sa passion de la botanique allait être mise à rude épreuve !