Historique

Cyclotouriste curieux de nature, inspecteur des PTT à Troyes, où il a passé la majeure partie de sa vie, Daniel Pellé (?-1989) était membre du Club alpin et de sa section botanique, La Gentiana. Entre 1942 et 1989, il a herborisé dans le département de l’Aube principalement, mais aussi en France, en Europe et en Afrique du Nord. Il a ainsi récolté et fixé sur des planches, avec l’aide de René Prin, un botaniste aubois mieux connu que Daniel Pellé, près de 2 000 spécimens.

René Prin

Daniel Pellé faisait de la botanique « pour exercer sa mémoire », selon Francis Bianic (1949-), qui s’est fait l’intermédiaire entre la famille Pellé et SL, lors de la transmission de l’herbier en 2008. Daniel Pellé se passionnait pour la photographie et était membre de l’Union photographique champenoise ; il avait, à l’occasion de ses excursions botaniques, pris de nombreuses photographies, qui ont malheureusement été détruites.

Francis Bianic nous a raconté que Daniel Pellé partait régulièrement en campagne pour effectuer des récoltes, dénicher telle ou telle plante rare dont il avait entendu parler ou simplement passer de longues heures à se promener dans la nature. Et quel que soit le lieu où il se rendait, à chaque fois, il herborisait. Il a ainsi rapporté des spécimens de Suisse, d’Espagne, d’Italie, d’Algérie, du Portugal, d’Andorre ou de Turquie pour les principaux pays représentés.

En 1989, alors qu’il était une nouvelle fois parti récolter des spécimens, seul comme il en avait l’habitude, Daniel Pellé s’est perdu dans la campagne auboise, autour de Troyes. Était-il malade ? S’était-il aventuré dans une région inconnue de lui ? Après avoir erré dans la nature pendant presque une semaine, il a été retrouvé, vivant mais très affecté. Daniel Pellé est décédé quelques jours plus tard, ne s’étant jamais remis de cette ultime excursion.

Pourtant, celui-ci n’herborisait pas toujours seul, et échangeait régulièrement avec René Prin et d’autres botanistes, de l’Aube et d’ailleurs. René Prin assistait les botanistes de La Gentiana dans le montage de leurs planches, comme en témoignent celles de l’herbier de Daniel Pellé, toutes dans un parfait état de conservation malgré les quatre-vingts ans qui nous séparent aujourd’hui des récoltes les plus anciennes. Daniel Pellé a également conservé dans son herbier plusieurs planches obtenues via des échanges au sein de la Société française pour l’échange des plantes vasculaires (SFE).

On trouve ainsi, dans l’herbier DP, un grand nombre de planches (260) dont le récolteur est René Prin (1900-1989), fondateur de la Société botanique de l’Aube ; via la SFE, et certainement par l’intermédiaire de René Prin, Daniel Pellé a aussi pu inclure dans sa collection 29 planches récoltées par André Dubuis et/ou Louis Faurel, deux spécialistes de la flore d’Afrique du Nord. Apparaissent également Roger Henry (1 pl.) et Alfred Ployé (2 pls), le premier étant préparateur en pharmacie chez le second à Troyes, ville de Daniel Pellé, Joseph Terré (4 pls), Jean Vivant (4 pls), Jean Jallu (3 pls), Vincent Rastetter (3 pls), et d’autres, plus ou moins connus, à l’occasion d’une ou deux récoltes de l’herbier DP.

Ces nombreux échanges montrent qu’il existait une certaine émulation chez les botanistes de l’Aube ; l’époque de récolte (1942-1989), ces échanges via la SFE (64 planches de l’herbier DP sont des doubles de planches contenues dans l’herbier P), les planches transmises par René Prin et surtout, les nombreuses récoltes faites dans le département de l’Aube, soulignent l’intérêt de cet herbier amateur. Enfin, le soin apporté à sa constitution et à la conservation des planches qui le constituent ont permis à l’herbier DP d’accéder au statut de collection scientifique.

Enfin, la perte massive de biodiversité dans le département de l’Aube (disparition des pinèdes de la Champagne crayeuse, des versants de collines, des futaies de chênes, prairies et étangs, etc.) renforce la valeur relative des données de cet herbier. Ainsi celles-ci viendront s’ajouter aux connaissances existantes sur la flore du département de l’Aube dans les années 1940-1980.


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